Colombie : la militarisation devient virale

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Ramalc Colombia - Convergencia de Saberes - Colectiva La Tulpa - Cuerpo Con-Siente

Jusqu'ici, la réponse de la Colombie à la pandémie- l'Ennemi Commun- a été une rhétorique nationaliste et militariste bien connue, une réponse militarisée fermement défendue qui est répandue dams les villes et les cités de la Colombie.

Nous voulons commencer ce rapport en mentionnant la forte militarisation qui se déroule dans le contexte de la pandémie, et affirmer que le combat ne faiblira pas, que notre résistance ne fera que grandir en force. Nous pensons qu'il est nécessaire de souligner que notre résistance ne sera pas mise en suspens durant la pandémie, que les populations locales continueront à résister aux avancées extractivistes; nous mettrons un terme aux actions législatives qui favorisent les buts extractivistes , qui n'offrent aucune assurance que les communautés concernées soient averties à l'avance ( Les agences extérieures en Colombie ont une obligation légale d'obtenir l' accord préalable des communautés dans les terrains desquelles elles ont l'intention d'exercer leurs activités). La solidarité des populations locales a grandi sous diverses formes, issue de la nécessité et de la créativité; à Bogota, nous nous sommes portés témoins des méthodes utilisées par les populations locales Emebera pour créer des réseaux de solidarité, tout en vivant dans des environnements urbain incertains.

Durant le confinement, une Journée commémorative de l'Objection de Conscience a été organisée, et un Festival Anti Militariste a été célébré les 15 et 16 mai, avec plusieurs différentes organisations nationales qui y ont participé. Ce Festival a marqué une union significative parmi ces organisations, qui ont célébré tous les mouvements de résistance qui luttent contre la militarisation, et ont célébré la vie, tandis que des rapports de morts continuaient d'arriver. Ca a été une journée où des hommes et des femmes se sont unis ensemble dans une affirmation de nos efforts pour abolir le militarisme en Colombie.

La militarisation pendant la pandémie

L’Etat d’ Exception, qui a été décrété par le gouvernement de la Colombie le 25 mars 2020, a mis en oeuvre des mesures qui sont surtout vues durant les Etats d’Urgence. L’Etat d’Exception a donné aux forces armées de la Colombie libre cours pour résoudre les problèmes en utilisant une frappe préemptive contre l’Ennemi Public : le Covid 19, un micro organisme biologique, invisible mais mortel, qui, selon ce que comprend la division des armes du Gouvernement Colombien , doit être vaincu par la force.

Au début, les mesures de secours se limitaient à celles d'un couvre-feu d'hygiène et de sécurité, mais cela a rapidement évolué pour devenir un couvre-feu militaire. En avril, le gouvernement National a publié un décret qui, en étant destiné à la pandémie, impliquait que les gouvernements et services locaux collaborent avec le gouvernement central et ses forces armées. De la même façon, le Ministre de la Défense a commandé un deploiement au premier degré de toutes ses forces. Même ceux qui ont préféré fermer les yeux sur les effets que cette pandémie a eus sur ceux qui étaient déjà affectés par l'injustice, auront remarqué les chiffons rouges qui ont surgi dans les logements des résidents, un triste signal simplifié que ses habitants souffrent de la faim et manquent de la nourriture de base pour survivre.

Le 18 mai, le nombre de cas positifs de la Colombie a grimpé à 16 295, avec 592 décés, un chiffre qui était estimé marquer le début de la pointe élevée de la contagion dans le pays. Il est important d’expliquer que les chiffres officiels sont considérablement plus bas que le nombre réel de cas, étant donné que l’augmentation des cas positifs est directement liée au nombre des tests effectués, qui ont été ‘peu abondants ‘ : 47 000 est un chiffre dramatiquement bas de tests pour une population de 49 millions d’habitants. Tandis que le nombre d’infections du Covid 19 augmentait, les communautés les plus pauvres ont fait face à des attaques xénophobes constantes alors que leurs protestations, lors desquelles les familles déplacées, qui vivent dans des abris de fortune, déploraient le manque de droits et de facilités élémentaires , étaient mises sous siège .

La Colombie est à un point d’ébullition; au moins 19 défenseurs des Droits de l’Homme et leaders sociaux ont été assassinés en Colombie cette année, et il y a 34 autres décés qui font actuellement l’objet d’enquêtes à cause de leur lien possible avec des causes activistes. Tandis que la violence a continué sans contrôle pendant cette crise sanitaire, l’Armée de Libération Nationale de la Colombie ( un groupe de guérilla de gauche, qui n’a pas pris part aux négociations de paix de la Colombie) a déclaré un cessez-le-feu unilatéral et a proposé que le gouvernement engage à nouveau des pourparlers par l’intermédiaire de la délégation de la Havane.

Suppression des manifestations dans les cités

Des manifestations demandant le respect des droits des personnes ont eu lieu dans plusieurs régions du pays. Les communautés des travailleurs les plus pauvres, portant des chiffons rouges, ont eu leurs protestations pacifiques supprimées.- des protestations qui sont un appel nécessaire à l’action en faveur d’un simple minimum de droits de l’Homme. A Bogota certains ont été surpris par les tentatives de la police locale pour élever le moral du voisinage en organisant des classes de dance et en émettant des messages positifs- transmis par hauts-parleurs- sous le slogan ‘ Nous sommes totalement unis’. Ce qui n’était pas surprenant c’est que, en même temps, la police a commencé d’expulser les résidents des maisons ‘de pacotille’ où habitent les familles les plus pauvres.

Militarisation et frontières fermées

En tant que partie intégrante des ordres de quarantine, l’action militaire a été prescrite par plusieurs législateurs dans les principales villes. Plusieurs ministères ont pris la décision de fermer les frontières et les passages qui mènent à d’autres régions au sein du pays, et de consolider cette position par une présence militaire. Dans le quartier administratif de Boyièacá le gouvernement a reçu une demande de militarisation de leurs territoires et frontières régionales. D’autres munipalités voisines de Bogota ont suivi cet exemple ( ainsi que dans plusieurs régions intermédiaires) , avec un accord commun de renfermer et de militariser leurs communautés.

A la mi-mai, le gouvernement a annoncé qu’il fermerait les frontières entre l’Amazonie et le Brésil. La cité de Leticia a alors été occupée par les forces militaires, dont les soldats ont reçu des soins médicaux que les professionnels de santé des hôpitaux des principales villes n’ont toujours pas. Lorsqu’ils ont commencé cette opération, le gouvernement a annoncé qu’ils’ avaient pris la décision d’accroître la présence militaire à tous les points frontaliers et d’exercer un contrôle suffisant pour empêcher que de nouveaux cas y pénétrent par l’intermédiaire de la population flottante.’

La frontière nord proche du Pacifique dans la région de Chocó, qui est héréditairement habitée par des communautés indigènes qui sont menacées d'extermination à cause des niveaux multidimensionnels de pauvreté et des épidémies de la malaria qui reste présente dans la région, a été gravement affectée pendant cette pandémie. Un accroissement de la présence militaire dans leurs territoires ancestraux a réduit le revenu du tourisme et a affecté les échanges commerciaux avec les immigrés qui voyagent depuis l’Amérique Centrale et les Caraïbes .

Les immigrés pendant le confinement

Les immigrés ont souvent été décrits comme dangereux et font fréquemment face à des évictions de leurs logements à cause d’un manque de travail. Beaucoup de ces immigrés ‘ même sans nourriture, et leurs bébés encore dans les bras ‘ , selon la Deutsche Welle, ont eu très peu de choix , autre que de retourner au Venezuela à pied. En dépit des fermetures des frontières, des représentants du gouvernement Colombien ont arrangé le départ des immigrés par des couloirs humanitaires, dans lesquels les soldats, qui gardent le pays le long de la frontière, permettent aux Vénézuéliens de retourner dans leur pays.

De même à Bogota, dans le quartier de Santa Fe que la communauté trans et beaucoup d’immigrés Vénézuéliens appellent leur demeure, les rues ont été militarisées suite au non-respect par ses habitants des doctrines de quarantine. Dans la cité de Cali la police et l’ ESMAD ( l’Escadron Mobile Anti-Troubles) ont organisé une violente attaque contre une communauté de sans-abris située dans un quartier de travailleurs.

La situation a été la même à Altos de la Estancia, un hameau de 350 familles dans un quartier de Bogotá frappé par la pauvreté, et dont beaucoup sont des immigrés ou appartiennent à des familles déplacées par la violence, et où un raid d’ éviction en cours a été exécuté depuis la mi-mai.

Décret pour l’ extension du service de conscription

Comme résultat de la pandémie, le 13 avril dernier , le gouvernement a publié le Décret 541 2020, qui rallongera la durée de la conscription militaire pour les hommes qui auraient autrement été proches de la fin de leur service. Aucun lien clair n’a été apporté pour cette initiative, qui impacte les droits constitutionnels de 16 241 jeunes hommes, avec la crisise sanitaire à proximité.

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